jeudi 22 mars 2012

Que le 21ème siècle ne soit pas un Bug ...

Voici ci-dessous, ce que j'avais fait paraître dans le numéro de Libération du 01/01/2000 pour le passage au nouveau Millénaire ... Pourvu que 2012 voit enfin mes rêves devenir réalité ! Amitiés humanistes et socialistes révolutionnaires !

mercredi 15 février 2012

Angelina Jolie, la guerre et l'illusion du témoignage

par Jean-Arnault Dérens Les blogs du « Diplo » - 15 février 2012 Pour son premier passage de l'autre côté de la caméra, l'actrice américaine Angelina Jolie n'a pas eu peur de surprendre. Au pays du sang et du miel est une fiction située dans le contexte de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Même si l'on connaît les engagements humanitaires de la star, « ambassadrice de bonne volonté » du Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR) depuis 2001, le choix de ce sujet, largement passé de mode, surtout outre-Atlantique, ne peut que forcer la curiosité, voire le respect, car on est tenté de supposer qu'Angelina Jolie a choisi elle-même de le traiter, sans qu'il lui soit suggéré. Il y a sans aucun doute aujourd'hui, à Hollywood, plus vendeur que la Bosnie ! Les surprises ne s'arrêtent pas là, car le film est atypique et n'est pas comparable aux superproductions hollywoodiennes qui prétendent montrer la guerre, comme Welcome to Sarajevo (1997) de Michael Winterbottom. Dans le film de Winterbottom, le schéma narratif est extrêmement simple : une équipe de télévision britannique, venant donc du monde « civilisé », est confrontée à la violence de la guerre menée par plusieurs tribus sauvages, dont l'une (les Serbes) est assurément la plus redoutable... Le spectateur, nécessairement occidental, est appelé à s'identifier à ces héros occidentaux - car il serait bien inimaginable qu'il puisse s'identifier à un personnage « indigène ». Les quelques films consacrés au travail du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), mêlant parfois fiction et documentaire, fonctionnent à peu près sur le même registre : des héros extérieurs (occidentaux) contemplent la barbarie et essaient de la juguler ou de la juger. Ici, rien de tel. Angelina Jolie n'a pas voulu prendre un point de vue occidental, mais elle a cherché à adopter un point de vue « bosnien ». Hormis le nom de la réalisatrice, il n'y a aucune star hollywoodienne susceptible d'attirer le spectateur. Le casting, excellent, ne parle guère qu'au public de l'ex-Yougoslavie, et à ceux qui connaissent les nouvelles cinématographiques de cette partie du monde. On retrouve ainsi Ana Marjanovic, née en 1983 à Sarajevo, qui fut révélée au grand public par Premières neiges, le bijou réalisé en 2008 par Aida Begic, ou bien Vanesa Glodjo, née en 1974 à Sarajevo, qui tenait un rôle central dans Sarajevo, mon amour de Jasmila Zbanic (2006)... Ces talents, jeunes ou moins jeunes, se regroupent autour du « chef de famille », l'immense acteur Rade Serbedzija, né en 1946 dans un village serbe de Croatie (...) Lire la suite de cet article de Jean-Arnault Dérens : http://blog.mondediplo.net/1199

mardi 10 janvier 2012

Ces salauds de pauvres qui boudent le RSA

Isabelle Barré Le Canard Enchaîné Ils sont 1,6 million de fauchés qui renoncent à affronter les démarches pour le toucher. Soit par découragement, soit par manque d'information… soit par choix. Le discours sur le «cancer» des assistés va prendre du plomb dans l'aile : Non, les pauvres ne pompent pas les finances de l'Etat jusqu'à la moelle. C'est le très officiel rapport du Comité national d'évaluation sur le RSA, remis ce 15 décembre à Roselyne Bachelot, qui le démontre. Plus de 1 million de foyers qui vivotent avec quelques heures de boulot et pourraient donc toucher un complément de salaire via le RSA "activité" ne le réclament pas. Un million ! Soit les deux tiers des ayants-droit qui regardent passer les plats. Idem pour les chômeurs en fin de droit. Ils sont 1,8 million qui ne bossent pas du tout et pourraient bénéficier d'un RSA complet. Mais plus d'un tiers - 650.000 - ne le demandent pas. Et ils y perdent : pas vraiment gloutons, ces pauvres laissent ainsi filer 249 euros par mois en moyenne. «On est loin du discours selon lequel les gens grappillent un maximum d'aides», ironise Nicole Maestracci, représentante des associations au sein du Comité national d'évaluation. Bande d'ingrats Principale raison de ce manque d'entrain : le RSA est une sacrée usine à gaz, pas bien connue et beaucoup plus compliquée que le RMI, qu'il a remplacé en 2009. La moitié des travailleurs précaires ne savent pas qu'ils peuvent cumuler boulot et RSA, révèle le rapport. L'étude est carrée : 3.500 personnes ont été interrogées individuellement. Et les résultats sont plutôt décoiffants. Parmi les nombreux foyers qui ne réclament rien, beaucoup ne le font pas par ignorance mais par choix. Quatre sur dix préfèrent «se débrouiller autrement». Et près de 30% d'entre eux y renoncent «par principe», parce qu'ils n'ont «pas envie de dépendre de l'aide sociale ou de devoir quelque chose à l'Etat». Un chiffre pas franchement claironné par nos politiques. Avec tout ça, l'État fait de jolies économies : 5,3 milliards d'aides non distribuées en 2010 ! «C'est une économie sur le dos des pauvres», râle Martin Hirsch, l'inventeur du dispositif. Il réclame «une vaste campagne d'information», mais l'État n'est pas pressé. Le RSA a coûté 7 milliards l'an dernier. Alors, ajouter 5 milliards en temps de crise... Les auteurs du rapport, eux, se grattent la tête. Si le RSA est boudé en raison d'«un faible intérêt pour l'allocation» ou «un refus de principe», écrivent-ils, «une meilleure information, pour souhaitable qu'elle soit, ne suffira pas à résoudre le problème». Salauds de pauvres qui refusent d'être aidés ! Formulaires de rien «On sent chez les gens une lassitude à faire des démarches et à être stigmatisés», note le sociologue Philippe Warin qui a créé l'Odenore, un groupe d'études sur ce phénomène de «non-recours » à l'assistance sociale. Car le RSA n'est pas la seule prestation dédaignée. Trop compliquées ou mal connues, un tas d'autres aides ne sont pas réclamées. Ce phénomène, ignoré, est tellement fréquent que l'Observatoire national de la pauvreté y consacrera un colloque le 12 mars prochain. Le talent de nos têtes pensantes à monter des labyrinthes administratifs est en effet infini. Et décourageant à souhait. Près de 400.000 personnes qui pourraient avoir droit à une couverture complémentaire gratuite (CMU-C) s'en dispensent. Pour l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS), c'est encore mieux : 80% de non-réclamations. Idem pour les tarifs sociaux du gaz ou de l'électricité. Les fauchés ne se pressent pas non plus aux guichets des caisses d'allocations familiales (CAF) : «Pour 1 euro de fraude, il y a 3 euros de rappel de prestations non versées au départ», souligne Philippe Warin. Et ces rappels ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan des prestations à jamais perdues. «Du coup, on a du mal à sensibiliser les collectivités ou l'administration sur le sujet. Ils nous disent : "Ouh la la ! ça va faire mal au budget !"» Mieux vaut continuer de noyer les allocataires sous des montagnes de formulaires. Depuis 2009, les CAF passent au peigne fin 10.500 dossiers par an pour détecter les fraudes. «On pourrait en profiter pour repérer les allocations non réclamées, explique notre sociologue. Mais la Caisse nationale a refusé.» La chasse aux fraudeurs, c'est beaucoup plus porteur.